Panorama du diabète : de quoi parle-t-on ?

Quel que soit son type, le diabète correspond toujours à une élévation anormale du taux de glucose (sucre) dans le sang. Ce phénomène, appelé hyperglycémie, provient d’un défaut dans la production, l’action ou la régulation de l’insuline, une hormone produite par le pancréas. Mais au-delà de ce point commun, chaque forme de diabète a sa propre histoire.

1. Le diabète de type 1 : une maladie auto-immune souvent précoce

Le diabète de type 1 représente environ 6 à 10 % des cas de diabète en France (HAS). C’est la forme qu’on associe souvent à l’enfance, même si elle peut débuter à tout âge. Ici, le système immunitaire détruit les cellules bêta du pancréas, responsables de produire l’insuline.

  • Qui est touché ? Principalement les enfants, les adolescents et les jeunes adultes.
  • Cause principale : réaction auto-immune : le corps perçoit ses propres cellules comme des ennemis.
  • Manifestations spécifiques : début souvent brutal, avec une soif très importante, des urines abondantes, une fatigue intense, une perte de poids rapide malgré un appétit maintenu voire accru. L’acidocétose diabétique est un risque aigu caractéristique : elle se manifeste par des douleurs abdominales, des nausées et un souffle particulier.

Contrairement à une idée reçue, le diabète de type 1 n’est pas lié à une alimentation trop riche ou au manque d’activité physique.

2. Le diabète de type 2 : une maladie silencieuse, souvent méconnue

Le diabète de type 2 concerne environ 90 % des cas. Il se déclare généralement à l’âge adulte, bien qu’il touche, de plus en plus tôt, des personnes jeunes, voire des adolescents (Assurance Maladie). Il résulte, le plus souvent, d’une résistance à l’insuline : le corps produit encore cette hormone, mais ses cellules l’utilisent mal.

  • Qui est concerné ? Adultes de plus de 40 ans, mais aussi adolescents et jeunes adultes en surpoids ou sédentaires.
  • Facteurs favorisants : antécédents familiaux, surpoids, alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique, origine ethnique, hypertension ou cholestérol élevé.
  • Installations des symptômes : évolue lentement. Les signes peuvent passer inaperçus pendant des années : fatigue, petits soucis de vision, infections à répétition, plaies qui cicatrisent mal, besoin d’uriner fréquent.

Certains patients apprennent leur maladie par hasard, à l’occasion d’une analyse de sang ou à la suite de complications (infarctus, AVC, troubles rénaux…).

3. Le diabète gestationnel : un défi de la grossesse

Le diabète gestationnel se manifeste pendant la grossesse, généralement entre la 24 et la 28 semaine (HAS). Il concerne autour de 10 à 15 % des grossesses en France et, le plus souvent, disparaît après l’accouchement.

  • Facteurs de risque : surpoids, antécédents familiaux de diabète, âge maternel supérieur à 35 ans, origine africaine, indo-pakistanaise ou méditerranéenne.
  • Symptômes : majoritairement absents ou très discrets. Parfois, peut provoquer une soif accrue ou des urines fréquentes, mais la découverte se fait « à l’aveugle » par la prise de sang de dépistage.

Le diabète gestationnel nécessite une surveillance, car il peut avoir des conséquences pour la mère (hypertension, pré-éclampsie) et l’enfant (macrosomie, hypoglycémie néonatale).

4. Les autres formes rares : ne pas négliger les exceptions

Il existe des diabètes dits « secondaires » ou rares, représentant moins de 2 % des cas.

  • Diabètes monogéniques (MODY, NDM) : causés par des mutations génétiques, ils apparaissent chez l’enfant ou le très jeune adulte, avec souvent une histoire familiale très marquée.
  • Diabète secondaire à une maladie ou un traitement : lésion du pancréas, mucoviscidose, hémochromatose, prise prolongée de corticoïdes, etc.

Ces types exigent un diagnostic précis, parfois grâce à une analyse génétique, et une prise en charge adaptée et souvent spécialisée (Fédération Française des Diabétiques).

Des symptômes qui varient : savoir reconnaître les signaux spécifiques

Les signes d’alerte ne sont pas tous équivalents selon le diabète. Les différencier permet une réaction plus précoce.

Type de diabète Début Signes les plus courants
Type 1 Brutal Soif intense, polyurie, perte de poids, fatigue, possible acidocétose
Type 2 Insidieux Fatigue, infections répétées, troubles de la vision, cicatrisation lente, parfois aucun symptôme
Gestationnel Pendant la grossesse Majoritairement asymptomatique, parfois soif accrue
Rares (MODY, secondaires) Variable Signes proches du type 1 ou du type 2 ; contexte familial ou médical particulier

La vigilance doit notamment être accrue chez les personnes à risque ou présentant des antécédents familiaux.

Décrypter les causes selon le type de diabète

Chaque forme de diabète a des origines qui lui sont propres :

  • Type 1 : campagne de destruction auto-immune, facteurs environnementaux (infection virale, produits toxiques), prédisposition génétique mais de façon moins marquée que dans le type 2.
  • Type 2 : interaction génétique/limbique, surpoids abdominal, alimentation appauvrie en fibres/riche en sucres simples, sédentarité. Des gènes spécifiques ont été identifiés : le risque double si un parent du premier degré est touché (Inserm).
  • Diabète gestationnel : résistance physiologique de la grossesse à l’insuline, accentuée par des prédispositions (âge, surpoids, origine ethnique...)
  • Formes rares : anomalies génétiques documentées, pathologies pancréatiques, hématochromatose, iatrogènes (corticoïdes, immunosuppresseurs).

Diversité de la prise en charge : comment évoluent les traitements ?

Les stratégies thérapeutiques sont intimement liées au type de diabète diagnostiqué :

  • Type 1 : l’insuline est indispensable, à vie. Elle est le seul traitement, en injection ou via pompe, accompagnée d’une hygiène de vie adaptée et d’une autosurveillance glycémique systématique.
  • Type 2 : l’approche débute souvent par des mesures hygiéno-diététiques (alimentation, activité physique). Des traitements oraux (metformine, inhibiteurs de DPP-4, etc.) sont parfois associés, et si besoin, l’insuline peut venir en renfort, parfois plusieurs années après le diagnostic. Des GLP-1 agonistes (injections hebdomadaires) se développent aussi, avec de bons résultats sur la perte de poids et la protection cardiovasculaire (HAS).
  • Gestationnel : modification du régime alimentaire, activité physique adaptée, autosurveillance. Si la glycémie reste trop haute, des injections d’insuline temporaires sont proposées.
  • Rares : prise en charge personnalisée, parfois utilisation de certains antidiabétiques oraux interdits dans d’autres types. Spécificité du suivi : nécessité d’un centre expert dans les formes monogéniques.

Prévention et repérage : le prédiabète, une étape à ne pas ignorer

Avant de se déclarer « franchement », de nombreux diabètes de type 2 sont précédés d’un état intermédiaire : le prédiabète. Il concerne environ 21 % des adultes français entre 18 et 70 ans, et expose à un risque élevé d’évolution vers le diabète (Santé Publique France).

  • Comment le reconnaître ? Glycémie à jeun entre 1,10 g/L et 1,26 g/L, ou hémoglobine glyquée comprise entre 5,7 et 6,4 %.
  • Que faire ? Modifier son alimentation, augmenter son activité physique, perdre du poids si besoin : dans 40 à 70 % des cas, cela bloque l’évolution vers le diabète de type 2.

L’hérédité, un facteur clé de nombreux diabètes

Si le diabète de type 1 possède une composante génétique (certaines mutations sont plus fréquentes dans les familles touchées), c’est dans le type 2 – et, de façon spectaculaire, dans les formes monogéniques (MODY) – que l’hérédité s’exprime avec force.

  • Type 2 : si un parent du premier degré est diabétique, le risque pour l’enfant est multiplié par 2 à 4.
  • MODY : forme purement génétique : mutation transmise sur un mode autosomique dominant. Le dépistage familial est essentiel, car un parent touché a 50 % de risque de transmettre le gène à sa descendance (Endocrine Abstracts).
  • Type 1 : la transmission familiale est plus rare, mais le risque est tout de même 15 fois plus élevé pour un enfant dont le parent est atteint.

Diabète chez l’enfant vs chez l’adulte : différences et enjeux

Chez l’enfant, le diabète de type 1 représente l’écrasante majorité des cas : en 2022, en France, on estime qu’un diagnostic de diabète de type 1 est posé chaque jour chez environ 4 enfants en moyenne (Santé publique France).

  • Chez l’enfant : le type 1 débute souvent brutalement, nécessité d’une prise en charge spécialisée incluant la famille, l’école, les équipes sportives… Le type 2 est rare mais en augmentation, souvent associé à l’obésité sévère.
  • Chez l’adulte : le type 2 domine, avec diagnostic parfois très tardif. Les facteurs liés au mode de vie sont centraux : arrêt du tabac, gestion du stress et monitorage des complications.

Le diabète gestationnel : disparaît-il après la grossesse ?

Si, dans la majorité des cas, la glycémie revient à la normale après l’accouchement, le risque de récidive est important lors d'une grossesse ultérieure : jusqu’à 50 % selon certaines études (JLE Médecine). Par ailleurs, les femmes ayant eu un diabète gestationnel présentent un risque multiplié par 7 à 10 de développer un diabète de type 2 dans les 10 ans suivant la grossesse. Un dépistage annuel est donc recommandé.

Suivi spécialisé des formes rares : une nécessité

Les diabètes génétiques ou secondaires exigent un accompagnement multidisciplinaire : analyse génétique et conseil familial, surveillance spécifique (par exemple, recherche d’épisodes d’hyperglycémie chez les nourrissons atteints de NDM), adaptation des traitements. Les centres experts jouent un rôle déterminant dans l’actualisation des protocoles et le suivi à long terme.

Pour aller plus loin et mieux vivre avec la multiplicité du diabète

La diversité du diabète impose une vigilance permanente : savoir identifier les signaux, demander un avis médical en cas de doute, encourager le dépistage, connaître ses antécédents familiaux. L’évolution de la recherche permet aujourd’hui des traitements de plus en plus personnalisés, et l’information partagée constitue souvent le premier levier pour mieux vivre avec. Sans jamais sous-estimer l’impact d’un accompagnement (même informatif), chacun peut ainsi devenir acteur de sa santé, ou celle de son entourage.

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